Assiette, dite pošqâb

Meybod, 1964
MM-282374 03.05.2011 03.05.2011
MM-282374
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Descriptif de l'œuvre

Typologie
« Khânom khorshîd, Mâhî »
Notice
À Meybod, toute représentation humaine est bannie, y compris sur la céramique utilitaire : on n’interprètera donc pas ce visage comme « humain », mais comme une « représentation multiséculaire du soleil » (SAUVAGET 1965, p. 48). Khânom khorshîd, aussi connu sous le nom de « face radiée », est un motif féminin comme le mot « soleil » en persan. En Iran, sous les Qâdjârs, la femme-soleil est présente dans tous les domaines : orfèvrerie, textiles, livres (SOUSTIEL 1985, p. 258, 306). Au XXe siècle, ce décor sera particulièrement utilisé pour orner les céramiques de Meybod et souvent associé au motif du poisson, alliant ainsi l’eau au soleil (voir inv. AR 2011-152 et AR 2011-264). Aujourd’hui, le répertoire iconographique est perpétué par ces potiers, mais la technique a évolué. En effet, la porcelaine a remplacé la pâte siliceuse traditionnelle, comme en témoigne la coupe inv. AR 2012-133, dont la paroi intérieure est couverte d’oiseaux entourant khânom khorshîd (voir CENTLIVRES-DEMONT 1971, p. 43, 45, 47 et 62, p. 117 ; CENTLIVRES-DEMONT 1975, p. 11). L’origine de ce décor remonte au Moyen Âge : il aurait une signification symbolique liée à l’astrologie, très développée dans le monde islamique à cette époque. Il était alors déjà présent sur la céramique persane, comme l’attestent deux bols de Kâshân (XIIe-XIIIe siècle) conservés à l’Ashmolean Museum de Oxford (voir ASHMOLEAN MUSEUM 1981, p. 109 ; ALLAN 1991, p. 22-23). Une deuxième pièce issue de ce même centre de production, une coupe du XIIe ou du XIIIe siècle, comporte un motif particulier : le visage sur le fond est entouré de lignes concentriques en dents de scie qui en recouvrent toute la surface, comme pour symboliser l’étendue de son rayonnement (CURATOLA 1993, p. 76-77). Toujours en Iran, une coupe fin XIXe-début XXe siècle rappelle fortement la production de Meybod (SOUSTIEL 1985, fig. 343, p. 306). Une autre variante datant de cette même période est l’assiette iranienne du Fitzwilliam Museum de Cambridge, où la femme-soleil centrale est entourée de quatre autres visages plus petits disposés symétriquement sur l’aile (inv. OC.3-1939). Mais le motif khânom khorshîd n’est pas une exclusivité du répertoire iranien puisqu’on le trouve également en Égypte sur des tessons au décor lustré du XIIe siècle de la collection du Benaki Museum d’Athènes (PHILON 1980, pl. XXVIII/A, p. 179, 228-229 [fig. 485 à 489], p. 261, [fig. 583]). Le Victoria and Albert Museum de Londres conserve un bol égyptien (vers 1160-1170), un des exemples de femme-soleil les plus complets issus de cette production (inv. C.8-1949). Dans la région du Caucase encore, un exemple étonnant de décor polychrome (engobes rouge et jaune) du milieu du XVIe siècle est attribué aux ateliers de « Kubatchi » (SOUSTIEL 1985, fig. 288 p. 258). Il y a peu de variété dans les représentations animalières de la production de Meybod : les principales sont l’oiseau et le poisson qui se côtoient sur le fond de ce bol. En effet, il n’est pas rare que le poisson, « porte-bonheur et symbole de vie », soit associé à l’oiseau qui protège la maison ou annonce un heureux présage (CENTLIVRES-DEMONT 1971, p. 46-47), unissant ainsi les domaines aquatique et aérien. Ici, le potier a vraisemblablement ajouté un petit oiseau sur le fond afin de combler un espace entre deux poissons dû à un calcul hasardeux. La ronde de poissons qui anime la surface de ce bol a une signification particulière, puisqu’elle évoque la « source de la vie » offrant abondance et longévité au propriétaire de l’objet (voir MAKARIOU 2012, p. 279-280, « Plat à la ronde de poissons », fin XIIIe début XIVe siècle, du Musée du Louvre, inv. OA 6456). On retrouve encore cette ronde aquatique sur une coupe de Kâshân du XIIe ou du XIIIe siècle (CURATOLA 1993, p. 78-79). Giovanni Curatola signale que le motif du poisson est commun dans l’orfèvrerie et renvoie à Assadullah Souren Melikian-Chirvani, selon qui leur représentation fait référence à cheshme-i khorshid, la « source du soleil » (MELIKIAN-CHIRVANI 1982). Figurant sur près d’un sixième des pièces de la collection Centlivres-Demont, le poisson est un motif important. Que ce soit sur les bols, coupes, assiettes ou carreaux, il existe des variantes monochromes ou polychromes où les poissons sont peints entrecroisés (inv.AR 2011-139) ou têtebêche (inv. AR 2011-135 et AR 2011-288-04). Un fragment de bol au décor lustré de l’époque fâtimide comporte un poisson très similaire au motif des ateliers de Meybod (PHILON 1980, fig. 560, p. 253). Le poisson peut également être associé au soleil (inv. AR 2011-183), de même qu’à la femme-soleil khânom khorshîd (inv.AR 2011-152 et AR 2011-264), ce qui rejoint l’interprétation donnée par Melikian-Chirvani. Néanmoins, le motif du poisson est aussi présent en Chine : avec son décor en relief d’expression différente, le bol persan (inv. AR 12487) de la fin du XIVe siècle s’inspire des céladons chinois d’époque Yuan.
pâte siliceuse, décor peint en bleu, vert et rose sur engobe et sous glaçure alcaline transparente
haut.: 4.6 cm diam.: 21.5 cm
N° inventaire
AR 2011-264

Plus d'informations

Don Fondation Amaverunt, 01.03.2011

Cette œuvre a figuré dans les expositions suivantes:

Expositions
« Terres d'Islam. L'Ariana sort de ses réserves II », Musée Ariana, Genève, 28.02.2014 - 31.08.2014

Bibliographie de l'œuvre

Schumacher, Anne-Claire (dir.), Terres d'Islam: les collections de céramique moyen-orientale du musée Ariana à Genève, [exposition Genève, Musée Ariana, 28 février - 31 août 2014], 5 Continents Editions, Milan, 2014, p. 211, coul. n° 189 (Oeuvre)

Bibliographie des variantes de cette œuvre

Centlivres-Demont, Micheline, Faïences persanes des XIX et XXe siècles, Amis suisses de la céramique, Berne, 1975, p. 11, fig. 19, 21, 30 (Comparaison)

Centlivres-Demont, Micheline, Une communauté de potiers en Iran : le centre de Meybod (Yazd), s.n. / Th. lett. Neuchâtel, 1970, S.l., 1971, p. 45-47, p. 116 et 117, n° 49 et 62 (Comparaison)

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